Les moissons de Bifröst (extraits) 
  
L’Islande en deux temps : 2015 et 2016.  
Premier voyage, pèlerinage sur une terre convoitée, étudiée, imaginée,  promesse de l’inspiration ; terre qui attend Shannon Guerrico au contour.  
Partir alors en croisade bardée de tout le matériel, culturel et technologique, qui assure quelques bases. L’histoire est désormais connue, une fois renversée par l’effet National Geographic de ces contrées par trop photogéniques, suintantes d’énigmes, dans un geste d’impuissance, l’artiste lève les yeux au ciel. Délaissant ses appareils de prises de vue, c’est à coups de scan dans l’éther qu’elle commence à amorcer le virage vers sa série Bifröst. Chemin scintillant qui se donne lorsqu’on a lâché toute velléité de capturer les mystères. 
  
Ciels crémeux et translucides, dont les empreintes révèlent à celui qui regarde les chemins à prendre. Une fois de retour en Suisse, le processus d’élaboration opère. Parallèlement aux ciels, des objets apparaissent principalement. Peau de poissons en aluminium gravées de formules magiques, coquillage-bouclier comme une porte temporelle vers ce pays des merveilles, casques-gueules de phoques, naseaux au garde-à-vous, sceptre spiralique, comme emprunté à une licorne. Quelques images s’imposent aussi, sur lesquelles le regard peine à faire la netteté, encore une fois l’Islande se dérobe. 
Le second périple est délesté des enjeux du premier. Shannon Guerrico traverse le pays l’esprit plus léger, elle s’autorise même à prendre des photographies.  
Après l’initiation, la voici qui voyage.   
  
A Genève, une invitation au voyage au travers d’une longue séquence photographique ponctuée par quelques objets-reliques ça et là, avec au premier plan de l’espace d’exposition, une alignée de portions de ciel, l’artiste nous emmène des cieux à la terre et réciproquement; dans la crypte, une armée de phoques noirs luisant, le museau planté dans la direction du visiteur, lui fait face. Et si le regardeur n’était pas celui qu’on pensait?
  
Florence Grivel
  
  

Fragments d’ailleurs, La Ferme de la Chapelle, Lancy, CH
 
La série Bifröst que Shannon Guerrico présente ici est issue de deux voyages successifs en Islande. Lors de son premier séjour, effectué en 2015, elle est incapable de prendre une photo, tant elle a l’impression que tous les clichés ont déjà été faits et ressembleraient trop à des images de calendrier. Elle s’intéresse alors à l’histoire des Vikings qui ont colonisé cette contrée et se met à regarder le ciel en se disant qu’il ressemble certainement à celui que ces anciens habitants voyaient. A l’aide de son scanner, elle capte des fragments de cieux qui révèlent à l’impression des couleurs surprenantes. De retour en Suisse, elle crée des objets qui deviennent comme des bribes d’histoires mythiques, de légendes et autres récits. L’artiste part une deuxième fois en Islande, en 2016, et cette fois ose prendre des photos, du bout de l’objectif, semble-t-il, et affine ses impressions tout en récoltant du matériel.
De cette expérience Islandaise, elle ramène du matériel pour deux expositions, dont une à Montpellier, où l’artiste crée un univers à mi-chemin entre la présentation d’un pays inconnu et un musée des curiosités. A la Ferme de la Chapelle elle présente des vues du ciel intercalées d’objets, tandis qu’une foule de masques de phoques pontent leur museau vers le visiteur qui se hasardera dans la crypte.
 
Avec Benoît Billotte, Bernard Grandgirard, Shannon Guerrico
15.10-13.11.2016
La Ferme de la chapelle